Le Jardin exotique

Ces derniers étaient nommés pour un an. Ils prêtaient le serment de l'entretenir et d'empêcher qu'il soit pris par l'ennemi.

En 1706, pendant la guerre de Succession d'Espagne, Louis XIV ordonna la destruction du château sur les recommandations du ministre de la guerre : " Monsieur, le roi ayant vu ce que vous mandez de la situation du château d'Eze qui appartient en propre à Monsieur le duc de Savoie, et est précisément sur le chemin de Villefranche à Monaco et qu'il pourrait interrompre cette communication, S.M. qui n'a rien à ménager avec ce prince, m'a ordonné de vous faire savoir qu'elle désire que vous fassiez raser ce château, afin de pouvoir conserver cette communication".

A la Belle Epoque, les ruines du château sont l'objet de visites des premiers touristes qui viennent profiter de la vue exceptionnelle. Après une longue ascension depuis le Bord de Mer les visiteurs s'y accordent un moment de détente. Les élégantes s'assoient sous leurs ombrelles et les hommes posent leur veste. Un commerçant bien avisé y installa une buvette.

Le jardin exotique

Après la seconde guerre mondiale des dizaines d'hommes transportent sur leur dos des sacs remplis de terre et de moellons vers les ruines du château où subsistent toujours quelques pans de murs. C'est là que André Gianton, le maire de l'époque, avec le concours de Jean Gastaud père du Jardin exotique de Monaco, a décidé de créer un jardin exotique.

Le site est bien abrité des vents du nord par le plateau de la Revère et sa déclivité assure un drainage efficace. Car il s'agit d'implanter ici des plantes adaptées à la sécheresse : des cactus, des agaves, des aloès…

Sur les photos de l'époque les parterres sont parsemés de jeunes coussins de belle-mère, certains sont encore dans leur pot, entourés d'euphorbes juvéniles. Véritable gageure et pari sur l'avenir. Devant le succès d'une telle initiative cette première phase d'aménagement fut bientôt suivi d'une seconde.

Hiver 2004, le Jardin exotique laiusse la place à un un nouveau concept de Jardin. Un Jardin où, à côtés des plantes exotiques, plusieurs parcours se superposent, artistique, thématique ponctués d'endroits pour se détendre et s'imprégner de l'atmosphère des lieux...

...Un Jardin à vivre.

Le panorama

“C'est du soleil que j'ai appris cela, quand il se couche, il répand alors dans la mer, l'or de richesses inépuisables”. Séduit par le panorama visible depuis les ruines du château, Frédéric Nietzsche a écrit les pages les plus célèbres d'“Ainsi parlait Zarathoustra”, inventant le qualificatif alcyonien pour définir la qualité du bleu qu'il avait sous les yeux cet hiver de 1883.

Depuis le sommet à 429m. d'altitude, le regard embrasse toute la Riviera et même davantage...La vue s'étend de l'Italie à Saint-Tropez, l'hiver par temps clair, on distingue la Corse. Une table d'orientation en lave émaillée assiste le visiteur en situant les principaux lieux.

Immédiatement à l'est, sur la crête voisine, avec le rocher de la " Tête de Chien " dans le fond, une belle propriété attire l'attention avec ses jardins en terrasses et ses allées bordées de cyprès qui ont bien repoussé depuis l'incendie de 1986. C'est le Château Balsan. Selon une tradition orale, Alfred Hitchcock y aurait tourné une scène de son film “La Main au collet” avec Grace Kelly et Cary Grant.

Parmi les toits du village aux camaïeux d'orangés, on remarque le petit clocher de la chapelle des pénitents blancs et surtout l'ancienne résidence du prince Guillaume de Suède avec sa terrasse surplombant la Méditerranée. C'est aujourd'hui un hôtel de luxe. En contrebas, la petite station balnéaire d'Eze Bord de Mer avec ses villas du début du XXe siècle, est devenue le lieu de résidence ou de villégiature de plusieurs célébrités, la princesse Antoinette, sœur du prince Rainier de Monaco ou du chanteur du groupe de rock U2 pour ne citer qu'eux.

Espace contemplatif

En contrebas des ruines du château, un espace contemplatif accueille le visiteur pour apprécier le paysage mais aussi pour rêver et s'évader. Version moderne des enclos médiévaux où l'on s'isolait pour une pause dans la vie quotidienne.

Constitué d'une terrasse surplombant la mer aménagée de sièges ergonomique en teck, ce lieu, légèrement à l'écart des allées passagères permet de se retirer pour s'imprégner de l'atmosphère du lieu.

Lieu de vision, l'espace contemplatif par son intimité incite aussi à se détendre, à se reposer, à lire, à penser. Il évoque aussi certains lieux de nos jardins publics d'autrefois où chacun se retrouvait pour un moment de quiétude et rester hors du temps.

Un brumisateur et un miroir d'eau apportent une note de fraîcheur à l'endroit. Une petite cascade se faufilant entre les contreforts rocheux rompt, par moments, le silence de son murmure.

Les Déesses de terre

Entamant un dialogue avec le monde végétal et l'horizon, les allées sont rythmées par quinze sculptures en terre de Jean-Philippe Richard pour un itinéraire artistique entre poésie et botanique.

Ces femmes, ces "Déesses de terre", mystérieuses descendantes d'Isis que les Phéniciens vénéraient en ces lieux, à la fois pudiques et sensuelles s'offrent à la méditation des passants.

En savoir plus sur l'artiste et les sculptures

Les plantes exotiques

Une plante est dite grasse ou succulente lorsqu'elle emmagasine l'eau pour résister à la sécheresse. Si le Jardin d'Eze possède de nombreuses succulentes venues d'Afrique ou d'Amérique adaptées aux climats arides, il existe aussi des plantes succulentes vivant dans d'autres milieux, autour de la Méditerranée ou en forêt tropicale. Le stockage s'effectue dans les parties charnues à tissu pulpeux ou fibreux, les feuilles et les tiges en particulier.

Ces plantes ont développé des stratégies pour limiter l'évaporation : peau lisse parfois recouverte de cire, pilosité, épines à la place des feuilles. La nature et l'évolution face à des contraintes climatiques comparables en différents points du globe, apportent des réponses similaires au point, parfois qu'il est difficile de distinguer les espèces.

Plusieurs plaques donnent des conseils pour apprendre à les différencier.

En savoir plus sur les plantes exotiques du jardin d'Eze

Bibliographie :

Fighiera (Charles-Alexandre), Eze, Nice, éditions Serre, 2000, 448 p.

Flament (Albert), "Une belle demeure fleurie", l'Illustration, n°4648, 2 avril 1932.

Le Tiec (Patrick), Le Jardin exotique d'Eze, Monaco, Graphic Service, 2000, 48 p.